Prendre de la hauteur, faire une multitude de petits pas et gravir ces dénivelés qui nous permettent d’accéder à des lieux où la force et la beauté de la nature s’imposent.
C’est toujours un ravissement, une épreuve que l’on accomplit en groupe. On avance ensemble, on se soutient. Les plus rapides ouvrent la voie, sécurisent le parcours et aident ceux dont l’appui est incertain, ceux qui peuvent trembler parfois devant le côté vertigineux de la pente (et j’en fais partie).
A 3500 m d’altitude l’économie du geste est de mise, l’effort se projette dans la durée, il faut garder des forces pour la descente tant attendue, dans des champs de neige fraîche parfois immaculée. La prudence est de mise, ne pas se blesser pour pouvoir poursuivre, ne pas tomber dans une crevasse, éviter les ponts de neige fragiles.


Cette descente qui nous mène aux refuges, havres d’humanité où la diversité s’exprime. De tous horizons, jeunes, moins jeunes (ou jeunes depuis plus longtemps que les autres comme le dirait Le Chat), sportifs ou amateurs avertis. On se retrouve avec un seul objectif commun, celui de vivre la montagne, d’atteindre ces sommets, ces cols … points météo, dangers éventuels, difficultés du parcours, niveau technique et matériel nécessaire sont les sujets qui nous rassemblent. Et ces gardiens qui façonnent l’esprit du lieu, qui vivent en haute montagne mais, à la différence des gardiens de phare, sont le trait d’union entre tous ces montagnards et transmettent les informations précieuses sur l’état de la neige, du terrain et la sécurité qui en découle.
Après 5 journées en Vanoise, 5000 m de dénivelés positifs cumulés, 4 refuges et une aventure humaine unique, je repars renforcée, riche de convictions où s’entremêlent le fait que les croyances auto limitantes se travaillent, se dépassent, que la force du groupe, de l’équipe où chacun contribue à sa hauteur permet d’accomplir de grandes choses. Qu’il est aussi important de sortir de sa routine, de faire un pas de côté, de s’enrichir de milieux et d’environnements qui nous font regarder le monde autrement.
Gaëlle Bihannic